C’est le premier livre que Daniel Éro publie. Et il est dédié à l’amour, avec un grand A. Immigré arrivé en France il y a quelques années, l’Amour lui a donné la force d’avancer, malgré les difficultés administratives et la séparation avec ses proches. C’est l’Amour qui lui a également donné le pouvoir de continuer à écrire, pour être finalement publié.
J’ai appris à connaitre la France profonde, celle de la fraternité et de la liberté. Où les gens vous encouragent dans la réalisation de vos projets et vous accompagnent, si possible, dans leur réalisation.
Ses héros sont des gens de toutes les couleurs, car l’Amour, non seulement accepte toutes les couleurs, mais, surtout, les déclare haut et fort.
Ses sujets sont tout aussi vastes. « A travers le thème central de l’Amour, je me suis permis d’aborder les thèmes de l’immigration, du COVID19, de l’hypocrisie, de la diversité culturelle, de l’importance de l’éducation, de la famille, de l’engagement et du devoir à travers des hommages au colonel Arnaud Beltrame et Mamadou Gassama ».
Mais qui est Daniel Traoré ? D’où vient-il et pour quelles raisons ? Quel est son parcours en France ?
-Je m’appelle Traoré Djakaridja Daniel, connu sous le pseudonyme de Daniel ERO dans mon métier d’écrivain. J’ai choisi un pseudonyme pour marquer la différence entre la personne que je suis et celle que je deviens en portant mes habits d’écrivain. Pour moi, un écrivain est un artiste qui se met au service de la société avec laquelle il partage son art.
Pour moi vivre en France, le pays de liberté et des droits humains, c’est l’occasion idéal de réaliser mes rêves : écrire dans le pays de Victor Hugo, travailler dans l’humanitaire et faire mon doctorat en droit.
Daniel Éro
Mon épouse était en France pour ces études. Nous avons eu une belle petite fille et, pour mes deux roses, je me suis installé également en France pour permettre à ma femme de finaliser ses études et réaliser ses rêves d’une part et d’autre part offrir à mes enfants un meilleur cadre, propice à leur développement et leur éducation.
Pour moi vivre en France, le pays de la liberté et des droits humains, c’est l’occasion idéal de réaliser mes rêves : écrire dans le pays de Victor Hugo, travailler dans l’humanitaire et faire mon doctorat en droit.
Quelles sont les difficultés, mais aussi les événements et les personnes positives que t’ont le plus touché ici en France ?
Les difficultés rencontrées sont diverses, mais communes à de nombreux immigrés. Ce sont l’adaptation au nouvel environnement, l’obtention du titre de séjour définitif, un emploi, un logement décent, la nostalgie du pays, la séparation avec ceux restés dans nos pays d’origine et aujourd’hui manifestement le COVID. Ce sont d’ailleurs des thèmes que j’aborde dans mon recueil de poésie.
J’ai appris à connaitre la France profonde, celle de la fraternité, de la liberté où les gens vous encouragent dans la réalisation de vos projets en vous accompagnant si possible.
Quand on évoque le thème de migration en France, qu’est-ce qui t’interpelle le plus ?
La mauvaise connaissance de la loi et son interprétation. D’un département à un autre, bien que la loi soit la même pour tous, les conditions d’octroi des titres de séjour semblent différées comme s’il y avait des quotas d’étrangers légalement reconnus par département ou globalement en France. Certains parlent de politiques d’immigrations. Mais, si on peut régulariser une personne, qui était sans papier, parce cette personne a rendu service à la France un jour, pourquoi ne pas donner une chance à tous de démontrer ce qu’ils peuvent faire pour la France ?
Parlant d’avoir une chance, pourquoi ce livre ?
Ce livre est un vieux rêve, un vieux projet. J’ai toujours écrit de la poésie sans jamais publier. C’était pour mon épouse et ma famille en général, puis, avec le confinement le COVID 19, j’ai senti le besoin de faire quelque chose pour inviter les Hommes à plus de compassion, d’entraide et de l’Amour.
Et grâce au concours de ma femme et ma belle-mère, ce rêve est devenu réalité.
Pourquoi de la poésie ?
Tout d’abord parce j’aime la poésie et surtout la poésie classique bien rythmé car pour moi il s’agit avant et après tout d’Art. Ensuite, c’est pour moi de la musique sans mélodie, si je puis dire, qui touche, sensibilise, interpelle, met en valeur et donne la voix aux personnes en étant leur porte-parole.
C’est la raison pour laquelle, à travers le thème central de l’Amour, je me suis permis d’aborder les thèmes de l’immigration, du COVID19, de l’hypocrisie, de la diversité culturelle, de l’importance de l’éducation, de la famille, de l’engagement et du devoir à travers des hommages au colonel Arnaud Beltrame et Mamadou Gassama.
Ton inspiration c’est qui et quoi ?
Je m’inspire de mon vécu et de mes rêves comme dans « I have a dream » de Martin Luther King.
Pour moi, un poète se sert de son vécu pour aspirer à un lendemain meilleur pour tous. Je m’inspire de Victor Hugo, de Lamartine, Alfred De Musset, de Birago Diop.
Ma poésie repose sur l’expression des sentiments profonds et vrais. Lorsque j’écris un poème et le lecteur ne ressent rien, pour moi c’est un échec.
Quelles sont tes projets ici en France ?
Construire un avenir meilleur pour ma famille ; Vivre pleinement ma passion de l’écriture dans ce pays qui aime les écrivains comme d’autres étrangers ont pu le faire ; terminer mon doctorat et apprendre à mieux me mettre au service de l’humanité en commençant par ma terre d’accueil : la France.
Et ton message, Daniel ?
C’est l’Amour. Il faut redonner à l’Amour sa véritable place dans nos relations humaines. Être capable d’aimer l’autre pour l’aimer et ne pas attendre forcément quelque chose en retour. Notre société est désormais trop matérialiste. On aime toujours pour quelque chose. Mais, j’ai foi en l’Amour d’où le titre de mon recueil de poèmes « D’un amour à un autre amour ». On peut le voir comme un petit résumé de ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il faut faire pour donner de l’Amour ».
Douloureuse renaissance
Je dis adieu à une vie avec tous mes souvenirs
Je dis adieu à toute amitié et toute famille
Je dis adieu à moi-même sans faillir
Je dis adieu à tout et tous, il faut que je m’en aille
Partir, c’est mourir un peu
Les gens auront certes du mal, mais finiront par m’oublier
J’aurai du mal, mais je finirai par accepter
Leur quotidien me bannira de son train-train
Je souffrirai mais il faut chercher mon pain
Partir, c’est être seul
La chaleur et le partage humains sont absents aux pires moments
Aucune main pour essuyer les larmes qui nous visiteront souvent
Aucune épaule pour nous appuyer quand nous trébucherons
Tout seuls, dans ce nouveau monde, nous réinventons.
Partir, c’est être courageux
S’engager sans certitude fait peur et c’est aussi partir
Aucune boule magique ne dira le futur et nous partons
Peut-être que le pire nous attend pour nous empêcher de rire
Seul le courage nous habite et nous nous en allons
Partir, c’est espérer
Que demain soit meilleur qu’aujourd’hui
Que sur son nouveau chemin, on se lie avec le bonheur
Que la nouvelle destination soit une prairie sans peur
Que nous soyons baptisés par une belle fine pluie
Partir, c’est renaître
Le phénix renaît de ses cendres
Moi je renaîtrai de mes funérailles
Mon passé deviendra moteur, vaille que vaille
Je renaîtrai encore plus fort, avec mon élan à prendre.
Daniel Éro « D’un amour à un autre Amour »
* Cet article est produit dans le cadre du projet « Migration, jeunesse et internet». Il a été rédigé par Elda Spaho Bleta, bénévole au sein du groupe local Oxfam de Nancy, qui a porté la plus grande attention aux informations données. Les sources des informations sont citées, et lorsqu’un avis personnel est donné, il n’engage que la rédactrice. Si malgré son attention, une erreur s’était glissée dans le document, n’hésitez pas à le lui signaler en écrivant à nancy@oxfamfrance.org. Cet article est publié avec l’appui des fonds de l’Agence française du Développement et du Grand Est Solidarités et Coopérations pour le Développement et avec le soutien d’Oxfam France. Le contenu des articles n’engage pas les structures précédemment nommées.