Réfugiés: combien atteignent l’Union européenne ? *

Le nombre de personnes fuyant les guerres et les conflits armés est plus élevé que jamais. Mais en 2021, avant la guerre en Ukraine, l’UE accueillait moins de 10 % des réfugiés dans le monde. Sur les traces du mythe d’une “Europe à bras ouverts”, les chiffres du Conseil européen et de l’Organisation internationale pour les migrations.

 En 2019, tentant de parler à la logique de l’opinion publique française et européenne, l’envoyé spécial du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Vincent Cochetel, déclarait pour le journal français la CROIX : Il faut casser le mythe que tous les réfugiés veulent venir en Europe : 85 % d’entre eux, à travers le monde, sont dans les pays de premier asile, qui sont limitrophes de leur pays d’origine ».

“La majorité des réfugiés atteignent l’Union européenne”, est actuellement l’un des mythes les plus populaires qui circulent dans l’opinion publique, dans les médias et dans les discussions politiques au sein de l’UE. Accompagné de termes forts comme « invasion », « inondations », etc., ce mythe a fait peur et est facilement cru, alors même que seulement 0,6 % de la population de l’UE était composée de réfugiés fin 2021. Un des chiffres les plus bas au monde.

Mais que disent les chiffres plus précisément ?

Combien y a-t-il de réfugiés dans l’UE ?

La situation est plus que dramatique depuis plus de deux décennies : En 2020, avant la guerre d’Ukraine, le nombre de personnes ayant traversé une frontière internationale pour chercher refuge dans un pays autre que leur pays d’origine en raison d’une guerre ou d’un conflit (la définition officielle du terme “réfugié”), était plus élevé que jamais. « Fin 2020, il y avait un total de 26,4 millions de réfugiés, le plus élevé jamais enregistré »1, – indique le dernier rapport (2022) de l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Un an plus tard, en 2021, le nombre et la situation des réfugiés sont devenus encore plus dramatiques, avec 700 000 personnes supplémentaires. Selon le Conseil européen (CE), « sur la base des données fournies par le HCR, à la fin de 2021, il y avait, à l’échelle mondiale 27,1 millions de réfugiés.

53,2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays (en raison d’un conflit ou de la violence)2 ».

Malgré tout cela, l’UE est restée une forteresse impénétrable.

Contrairement au mythe selon lequel la plupart des réfugiés l‘atteignent, les chiffres montrent autre chose : non seulement l’UE a été sollicitée et atteinte par un nombre modeste de réfugiés, mais aussi le groupement économique le plus puissant du monde fait très peu d’efforts pour les accueillir. 

« Élément à prendre en considération : à la fin de 2021, moins de 10 % de l’ensemble des réfugiés dans le monde et une fraction seulement des personnes déplacées vivaient dans l’UE. Les réfugiés représentaient 0,6 % de la population totale de l’UE ».2– déclare le Conseil européen sur son site internet.

« “L’afflux massif“ » de réfugiés est un mythe aux effets pervers”, – dit Robin Stünzi, chercheur et doctorant au Centre des migrations de l’Unine (Université de Neuchâtel, Swiss).

Mythe d’une Europe bras ouverts
La plupart des réfugiés atteignent l’Union européenne !

La vérité :
En 2020 :
73% des réfugiés ont été accueillis dans les pays voisins, selon le rapport d’OIM. *
3,6 millions de réfugiés : La Turquie était le plus grand pays d’accueil au monde, pour la cinquième année consécutive.
 
Les 10 principaux pays d’accueil :     L’autre voisin de la Syrie, le Liban, suit la liste des premiers pays hôtes, puis le Pakistan et la République islamique d’Iran.  L’Ouganda, l’Allemagne, le Soudan, le Bangladesh et l’Éthiopie comprenaient le reste, selon le même rapport.
 
En 2020
•        L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés :
•       Les pays les moins avancés (développés), – tels que le Bangladesh, le Tchad, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la République-Unie de Tanzanie, l’Ouganda et le Yémen – ont accueilli 27 % du total mondial des réfugiés (6,7 millions).*
* file:///C:/Users/Administrator/Downloads/WMR-2022-FR-CH-2_1.pdf

Certes, un nombre très important de personnes sont arrivées en Europe pour y demander l’asile en 2014 … et en 2015… mais nous sommes trop aveuglés par notre européocentrisme pour mettre ces chiffres en perspective internationale. Soixante millions de personnes sont actuellement déplacées de force à l’échelle mondiale et plus de 80% d’entre elles se trouvent dans les pays en développement. L’Europe n’est donc touchée que très marginalement par ce phénomène… Sur le plan humain, le bilan d’une telle politique est catastrophique : ainsi, l’histoire retiendra que plus de 20 000 hommes, femmes et enfants auront, en l’espace de deux décennies, payé de leur vie leur tentative de pénétrer sur le territoire européen ».

Où vivent réellement les réfugiés ?

Selon la CE, « plusieurs pays du monde accueillent une importante population de réfugiés ». En plus, ce sont les pays les plus pauvres ou en développement qui continuent de faire les frais de ce drame humain qui se joue au grand jour, dans le ciel, sur terre et dans les mers, et qui a coûté des milliers de vies humaines.

Afin de mieux comprendre la situation, les experts conseillent que le nombre absolu de réfugiés trouvés dans un pays soit mis en rapport avec sa population générale et sa force économique. Si nous regardons attentivement le graphique numéro 12, tiré du site officiel de la CE, les pays pauvres ou en développement comme le Liban, l’Ouganda, le Soudan, etc. ont un pourcentage beaucoup plus élevé de réfugiés par rapport à leur population que celui de l’UE. Au Liban, ce pourcentage est de 12,5, au Soudan de 2,5, etc. Le seul pays de l’UE où la présence de réfugiés est bien supérieure à sa moyenne de 0,6% est l’Allemagne, avec 1,5%. « Selon le HCR, les pays les moins développés– tels que le Bangladesh, le Tchad, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la République-Unie de Tanzanie, l’Ouganda et le Yémen – ont accueilli 27 % de réfugiés, (6,7 millions) »1, – souligne le rapport de l’OIM.

Source: HCR
Remarque: le graphique montre les dix pays qui accueillent le plus de réfugiés et l’UE

Pourquoi un si faible pourcentage dans l’UE ?

Laissant de côté l’analyse de la froideur européenne (sauf dans le cas de l’Allemagne) envers le drame des réfugiés, ce sont ces derniers qui préfèrent ne pas trop s’éloigner de leur pays de naissance. « La plupart des réfugiés d’Afrique et d’Asie ne viennent pas en Europe, ils s’installent plutôt dans les pays voisins », confirment toutes les données du Conseil de l’Europe, de l’OIM et du HCR. Selon le dernier rapport de l’OIM (2022), 73% des réfugiés se sont réfugiés dans leurs pays voisins en 2020. Environ 3,6 millions de réfugiés, en grande majorité syriens, sont hébergés en Turquie. Ce dernier est le plus grand pays d’accueil de réfugiés au monde, pour la cinquième année consécutive. La liste des 10 pays qui ont accueilli le plus grand nombre de réfugiés est poursuivie par l’autre voisin de la Syrie, le Liban, suivi du Pakistan et de la République islamique d’Iran. L’Ouganda, l’Allemagne, le Soudan, le Bangladesh et l’Éthiopie constituent le reste, selon le même rapport.

Références :

*Cet article ne tient pas compte du nombre de réfugiés à la suite de la guerre en Ukraine (2022), car ces chiffres ne faisaient pas encore partie des derniers rapports annuels, publiés en 2022, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés).

1 McAuliffe, M. et A. Triandafyllidou (éd.), 2021. Rapport État de la migration dans le monde 2022. Organisation internationale pour les migrations (OIM), Genève.  file:///C:/Users/Administrator/Downloads/WMR-2022-FR-CH-2_1.pdf

2 Site officiel d’Commission européenne. Les immigrants dans la société européenne – Chiffres globaux, janvier 2023.

https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_en

Cet article est produit dans le cadre du projet « Migration, jeunesse et internet – 2″, avec l’appui des fonds de l’Agence française du Développement (AFD), de Gescod (Grand Est Solidarités et Coopérations pour le Développement), et avec le soutien de l’association AMI-PLUS.
Les sources des informations sont citées, et lorsqu’un avis personnel est donné, il n’engage que l’auteur.
Le contenu des articles n’engage pas les structures précédemment nommées”.

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